Vers le retour: sois plutôt toi-même

N’essaye pas de singer le penseur ou l’ascète, sois plutôt toi-même, cherche à te réaliser toi même. Narcisse et Goldmund, Herman Hesse

On traverse la cordillère des Andes de nuit. Entre veille et sommeil on regarde par la fenêtre. On ne distingue rien si ce n’est qu’une chaîne montagneuse noire fondue avec la nuit. Quel dommage! On nous dit que ce paysage est magnifique. On aurait dû partir de jour ! Si seulement on l’avait su. Mais, dans la vie comme en voyage, on ne vit pas d’hypothèses. Mais de choix concrets.
On nous réveille à la frontière pour faire valider nos passeports. C’est la quatrième fois qu’on rentre en Argentine.
On découvre Mendoza au petit matin, sous le soleil. On ne sait pas encore où aller dormir. Quelques jours auparavant on avait contacté une fille qui devait nous héberger, mais d’elle, pour l’instant, aucune trace. On s’assoit à un café. On pourra ainsi attendre une réponse de sa part et en profiter pour nous reposer un peu. La ville n’a pas l’air de nous charmer. En effet, elle n’est pas très belle. Ce sont les bodegas aux alentours et le vins argentins qui nous intéressent….On attend, on attend, mais au final, pas de réponse. On devra trouver un autre endroit où aller dormir. Nos sacs pèsent lourd. On est fatigués de les porter sur nous épaules pendant des heures. En marchant, en cherchant, en les posant, en les reprenant sur nous. Pas question d’hostel. Tout est trop cher, anonyme, même si l’on pourrait rencontrer d’autres voyageurs, on préfère suivre la ligne chilienne. On veut connaître des locaux. Alors, on se retrouve chez Cristian, à la hippie house. Les parois de sa maison sont recouvertes de pages tirées de la revue Rolling Stone : photos de chanteurs, de chanteuses, poses érotiques, concerts rock, portraits. Couleurs, noir et blanc. Surtout du noir et blanc. Tout, dans la maison, est fait avec du matériel recyclé. On s’assoit dehors. On profite du calme du soir.. Demain on ira voir les bodegas. Cristian nous propose d’aller visiter les montagnes aux alentours. Mais on n’a plus envie de montagne. On est fatigués. Mieux vaut profiter du temps qui nous reste en écoutant le rythme de nous cœurs et de nos corps. Finalement sur un lit! On dormira comme des anges !
Bodega Lopez en bus. C’est à Maipu, à quelques kilomètres de la ville. Visite guidée, dégustation de vins. Le tout très touristique mais intéressant, captivant, charmant! Et les vins argentins qu’ils sont bons ! Pas tant que les vins français ou italiens, il faut le dire. Mais quand même on se fait plaisir ! Et le bife de chorizo ! Ça oui ! Pas d’égal en France ou Italie, à part peut-être la côte de bœuf ou la fiorentina. En tout cas, on se régale bien ! On en avait besoin.
Le soir, on ira à une fête chez des amis de Cristian. Un samedi soir, comme les samedis soir parisiens, rouennais, ou partout ailleurs.. On danse et on parle peu. On a seulement envie de danser. Rien d’autre que de danser….
Mendoza-Cordoba-Buenos Aires. Ça fait presque cinq mois que l’on voyage. Bientôt la boucle sera bouclée. Et le sentiment le plus profond qui nous anime c’est l’envie de rentrer. Retrouver nos habitudes, nos amis, nos familles, notre travail, notre appartement.. C’est exactement ce qu’on a quitté au départ et ce qu’on veut retrouver en rentrant. Contradictoire, non?
Lorsqu’on arrive à Cordoba la pluie tombe sans cesse. Pas de chance avec le temps, au fond ! Mais avec les rencontres oui ! Bruno et Valeria. Leur chat noir. Leur belle âme sensible et leur accueil. On se sent déjà à la maison chez eux, avec eux.. Nous échangeons sur tout. Leur bonne humeur et leur sourire sont le soleil que nous ne verrons jamais dans cette ville. On aura du mal à les quitter. On se complète, on se ressemble. C’est pour ça alors que ce sera dur de partir. En une semaine chez eux, on apprendra beaucoup sur ce pays. Histoire, traditions, nourriture, paysages. En effet, seulement maintenant on comprend pourquoi nos amis aiment autant l’Argentine et les argentins. Bruno et Valeria sont des personnes adorables. Uniques.
De retour à Bueons Aires ! Coïncidence ou pas, nous voilà à La Boca. Notre quartier populaire, assis sur une terrasse de l’appartement d’Augustinho! Encore une connaissance, de longues soirées et des après-midis à discuter de la vie. Nous passons du temps avec les gens, non plus les lieux. On peut faire les deux choses si l’on veut, c’est vrai. Mais cette fois-ci il nous reste uniquement l’énergie de connaître profondément l’humain. Ce Pays. Savoir comment vivent les gens. Avec beaucoup de blessures, au fond. C’est difficile pour eux de se projeter dans le futur. A cause de leur histoire et de leur présent. Dictature, colonialisme, crise économique, inflation. Augustinho est photographe. Ses photos de gens de théâtre du quartier racontent l’histoire d’un homme qui vit de ses passions. Contre le marché du travail, le capitalisme, les modes. Toujours plus proche de soi-même.
Ainsi, Buenos Aires est plus belle. Un autre ami sur notre chemin. Au fond, on ne cherche que nos semblables.

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